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Somonte, occupation par des journaliers, 4 mars 2012
«Notre philosophie peut se résumer de la façon suivante: la terre, comme l’air et l’eau, est un don de la nature que personne ne peut s’approprier pour son profit individuel ou pour son enrichissement privé. La terre est un bien public, propriété du peuple, qui doit être à l’usage et à la jouissance de ceux qui y vivent et qui la travaillent. Si alors la terre n’est à personne, la propriété de la terre est un vol. C’est pour cela que nous demandons l’expropriation sans indemnisation…»[1]
Trente ans après la grande époque de ses occupations massives de terres, le Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo - SOC), vient de renouer avec cette tradition. A 11 heures du matin, le 4 mars, 500 journaliers agricoles et membres du syndicat ont envahi la Finca Somonte dans les riches terres de la plaine du Guadalquivir près de Palma del Rio dans la province de Cordoba. Ce domaine de 400 hectares, dont 40 à l’arrosage, fait partie d’environ 20.000 hectares que la Junta, le gouvernement andalou socialiste, avait décidé de vendre aux enchères. La vente, ou privatisation, du domaine de Somonte était justement prévue pour le 5 mars.
Qui, dans l’Espagne d’aujourd’hui, frappée par une crise économique sans précédent et par un chômage touchant environ 25% de la population et 50% des jeunes[2], pourrait en avoir les moyens nécessaires? Une famille richissime, une banque, une institution financière…? En tout cas pas les habitants de Palma del Rio, village qui compte 1.700 chômeurs…
L’occupation dure déjà depuis une semaine. Trente personnes des villages des alentours se sont installées sur le lieu et ont commencé à travailler la terre, à semer salades, tomates, pommes de terre, oignons et autres légumes, d’abord pour l’autoconsommation. Elles sont aidées tous les jours par des dizaines d’autres venus de toute l’Andalousie pour appuyer l’occupation. Dont deux hommes âgés qui connaissent fort bien cette ferme, y ayant travaillé de nombreuses années. Ils ont apporté leur savoir-faire en précisant que ces terres sont très riches, mais que jusqu’à présent personne ne les a jamais vraiment mises en valeur. Un autre voisin de 83 ans a apporté des outils manuels qui ne sont plus utilisés dans l’agriculture intensive d’aujourd’hui. D’autres ont amené des semences, des plants, des poules…
Parallèlement il a fallu aménager les habitations afin de pouvoir loger tous les occupants. Un électricien de Fuente Carreteros et un plombier de Palma del Rio se sont proposés comme volontaires. Toutes les décisions sont prises dans des assemblées générales quotidiennes et des commissions ont été établies pour s’occuper de la logistique, des relations avec les médias, du nettoyage, des repas, du travail horticole…
Cette ferme se trouve à 50 km de Marinaleda, grand bastion du SOC, où la municipalité a créé des conserveries et des ateliers qui pourraient transformer les produits de Somonte. Selon le SOC, la partie irrigable pourrait, dans une première étape, fournir du travail à au moins 50 personnes. La ferme pourrait à terme faire vivre beaucoup plus de gens, grâce à la «culture sociale» de tout le domaine. Les occupants disent qu’ils ne veulent pas créer une coopérative de salariés, mais une «coopérative de résistance» assurant la survie et un lieu de vie pour de nombreuses personnes frappées par la crise.
Au niveau régional et national, le soutien dépasse les milieux syndicaux, venant également de mouvements écologiques, d’associations soutenant l’agriculture biologique, de groupes urbains…
Le jeudi 8 mars une délégation s’est rendue au Département de l’Agriculture à Séville, afin de demander que la vente du domaine soit annulée et qu’elle soit mise à la disposition d’une coopérative de travailleurs. Dehors, une manifestation de plus de mille membres du SOC les appuyait. Une nouvelle réunion a été fixée pour mardi le 13 mars.
C’est en 1978 que le SOC, deux ans après sa légalisation suite à la mort de Franco, a lancé les premières occupations de terres depuis la guerre civile. Elles ont surtout visé des latifundia appartenant à des familles aristocratiques, comme les 17.000 hectares du Duc del Infantado occupés par les journaliers de Marinaleda en 1985. Le SOC est sans doute le seul syndicat européen à avoir officiellement réclamé la réforme agraire. En partie, il a eu gain de cause et a pu créer des coopératives sur des terres occupées. A l’époque la répression était très forte et des centaines de journaliers se sont trouvés inculpés aux tribunaux. A l’époque nous[3] avons lancé une campagne de solidarité internationale, en organisant des tournées d’information dans toute l’Europe et en envoyant des délégations d’observateurs aux procès.
Cette fois-ci, même si la Guardia Civil suit de près l’occupation de la Finca Somonte, les autorités n’ont pas encore agi contre le SOC. C’est vrai que des élections régionales cruciales auront lieu le 25 mars où le parti socialiste pourrait bien perdre le pouvoir en Andalousie pour la première fois depuis la fin de la dictature. Il est donc peu probable que la junta lance les gardes civils avant cette date… d’autant plus que, face à la crise, ce genre d’action est très populaire et que la colère de la population contre les gouvernants est grande. Mais après le 25 mars…??
Le SOC a, en tout cas, lancé un appel à la solidarité locale, nationale et internationale. A nous de nous tenir prêts ! Une présence européenne sur place serait une grande aide et rendrait moins probable une intervention policière pour évacuer la ferme. Un compte bancaire sera bientôt ouvert pour une caisse de solidarité financière. Dans l’immédiat, il serait très utile d’envoyer des lettres de soutien à l’adresse électronique indiquée ci-dessous.
«Cette action devrait être le début de la révolution agraire qui, en cette période de chômage, de pénurie et d’escroquerie néolibérale, nous manque tant. Aujourd’hui toute alternative pour survivre avec dignité doit passer par la lutte pour la terre, l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire…»[4]. Même si le gouvernement a déjà pu vendre plus de la moitié des 20.000 hectares dont il était le propriétaire, il reste encore environ 8.000 hectares à occuper…
Nicholas Bell, Forum Civique Européen Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
Pour plus d’information: <www.sindicatoandaluz.org > < Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir >
[2] Les chiffres pour l’Andalousie sont encore plus dramatiques, dépassant les 30%.
[3] C’est le Comité Européen de Défense des Réfugiés et Immigrés (CEDRI), précurseur du Forum Civique Européen, créé surtout par Longo maï, qui a mené cette campagne. En 1985, il a publié une brochure «Terre et Liberté – la lutte des ouvriers agricoles en Andalousie»
[4] Conclusion du premier Communiqué des occupants de Somonte, 4 mars 2012
RTS Mise au point du 24 février 2013, dès la 37ème minute !
Conférence/débat avec Silvia Pérez Vitoria
Mercredi 29 février 2012, à 20h00, Salle des Vignerons, gare CFF Lausanne
invitation Silvia Pérez Vitoria sur Silvia Pérez Vitoria compte rendu journal uniterre 29 février 2012 compte rendu événement syndical 21.03.2012
Fraises et encore !
Plus de 20 actions de protestation devant les supermarchés les 23 et 24 mars 2012
Quelques réactions :
Le Courrier et TdG du 24 mars 2012
tract 23 et 24 mars 2012 autoc fraises 52/40mm
André Klopfenstein dans la Soupe du 19 février 2012
Les autocollants sont à disposition à La Plateforme, 5 chemin du Ruttet à 1196 Gland, tél. 022 362 69 88 ou 079 509 31 10
Violations
des droits de l'Homme dans la récolte des fraises en Espagne
La FIDH vole au secours des immigrées marocaines
La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a dénoncé jeudi des "violations des droits de l'Homme" envers les travailleurs marocains dans la récolte des fraises à Huelva, dans le sud de l'Espagne, un des premiers pays producteurs au monde. Cette ville d'Andalousie, "où la fraise est cultivée de manière intensive, à destination de l'exportation vers les marchés européens, attire pendant plusieurs mois de l'année une abondante main d'œuvre temporaire (plus de 50.000 personnes), constituée majoritairement par des travailleurs immigrés", écrit la FIDH dans un rapport intitulé "Main d'œuvre importée pour fraises exportées". "Un secteur peu attractif" pour les Espagnols Alors que l'Espagne souffre d'un taux de chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés, la récolte des fraises reste "un secteur peu attractif pour les travailleurs", souligne la fédération, ce qui explique le recours aux étrangers. Pour cela "le gouvernement espagnol a adopté le système du recrutement (dans le pays) d'origine", en "embauchant dans leurs pays des milliers de personnes qui sont transportées et ensuite réparties entre les différentes plantations". Avant de signer, "les travailleurs s'engagent à retourner dans leur pays à la fin de leur contrat". Et comme la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie, habituels viviers de recrutement, font désormais partie de l'Union européenne, ce qui leur permet la liberté de circulation, ce système "ne touche que les travailleurs marocains", note la FIDH. Un cadre juridique peu protecteur Ces derniers sont soigneusement choisis: "des femmes mariées et avec des enfants à charge", ce qui "doit théoriquement garantir qu'elles retournent dans leur pays" à la fin de la saison. Sur place, ces immigrées se retrouvent face à un "cadre juridique peu protecteur" dans lequel les jours non travaillés ne sont pas payés et la représentation syndicale de ces travailleurs est presque impossible. "Les jours non travaillés n'étant pas rémunérés, il n'existe pas de garantie de revenu minimal. Or les journées non travaillées sont de fait nombreuses, la récolte de la fraise étant soumise aux aléas climatiques, et la main d'œuvre présente sur place souvent très abondante par rapport aux besoins moyens pendant la saison. Par ailleurs, les règles de représentation syndicale empêchent tout type de représentation des saisonniers agricoles." Ce modèle de migration circulaire, poursuit la FIDH, entraîne des violations des droits de l'Homme. La FIDH demande donc au gouvernement espagnol d'accorder des permis de séjour permanents à ces travailleurs et d'améliorer leur protection, mais s'adresse aussi au gouvernement marocain en exigeant qu'il "mette fin aux critères de discrimination à l'embauche".
Pour être bien dans son assiette.... Vive la Souveraineté Alimentaire !
Une mise au point d'Uniterre sur la souveraineté alimentaire ! Journal de solidaritéS no 201 du 13 janvier 2012
Pour plus d'information sur la Souveraineté Alimentaire : UNITERRE (Plateforme nationale, Nyeleni 2011 etc.)
Pour le respect de tous les travailleurs migrants, CETIM, janvier 2012
Le CETIM a édité son dernier cahier :
POUR LE RESPECT DES DROITS DE TOUS LES
TRAVAILLEURS MIGRANTS
Le premier des droits humains de tout un chacun devrait être le droit de
pouvoir rester dans son pays d'origine et d'être à l'abri du besoin.
Mais le développement inégal qui caractérise le monde actuel pousse un nombre
toujours plus important de personnes à chercher des cieux plus cléments. La
migration internationale a pris des proportions très importantes depuis
quelques décennies. Les politiques néolibérales qui président à la
mondialisation actuelle ont accéléré le mouvement de la migration
internationale, fournissant au capital une main d'oeuvre toujours meilleur
marché. Le nombre de migrants a presque doublé entre les années 2000 et 2010
pour dépasser 200 millions de personnes à travers le monde. Toutes les régions
du monde sont désormais concernées par ce phénomène et, fait nouveau, presque
la moitié des migrants aujourd'hui est constituée de femmes.
Ce mouvement massif de populations a évidemment des conséquences économiques,
politiques, sociales et culturelles importantes tant dans les pays d'accueil
que dans les pays de départ. Si elle signifie bien souvent pour les pays
d'origine une fuite des cerveaux (pourtant indispensables à leur développement
économique, social et culturel), la migration, est de manière générale,
toujours bénéfique pour les pays d'accueil. En effet, les migrants contribuent
à la prospérité des pays d'accueil, dont la plupart ne peuvent plus se passer,
tant ils sont indispensables pour le bon fonctionnement de leur économie. Ils
contribuent par ailleurs à l'enrichissement culturel et artistique.
Il ne faut pas perdre de vue que les migrants jouent également un rôle
d'amortisseur social, à défaut d'un monde plus égalitaire, en contribuant à
l'entretien de leurs familles restées dans leurs pays d'origine.
Contrairement à une idée reçue en Occident, la majorité de la migration
internationale se déroule entre les pays du Sud. Selon les données de 2010, sur
les 128 millions de migrant-e-s résidant dans les pays du Nord, seuls 74
millions étaient originaires des pays du Sud alors que ces derniers
accueillaient 86 millions de migrants sur leur sol.
Il faut également noter que le nombre de migrant-e-s dits
« irréguliers », « clandestins » ou « sans
papiers » est élevé en Europe et aux Etats-Unis (presque la moitié des
migrants irréguliers du monde entier), étant donné que ces pays ont pris des
mesures administratives, législatives et même militaires pour empêcher toute
migration « non désirée » vers leur territoire. Ces mesures ont
également vidé de sa substance la Convention de Genève, déjà restrictive dans
sa portée, et l'ont rendue presque non opérationnelle, comme c'est le cas en
Europe.
Si les Etats d'accueil ont le droit de réguler les flux migratoires, au sens du
droit international en vigueur, ils ont le devoir de respecter et de faire
respecter les droits des migrants, qu'ils soient réguliers ou irréguliers.
C'est le sens des conventions internationales adoptées au sein de l'ONU et de
l'OIT.
Tout en se concentrant en particulier sur la situation des migrants
irréguliers, le présent cahier présentera la portée des conventions en
question.
Table des matières :
Introduction
I. Les causes de la migration internationale
II. Les problèmes rencontrés et les violations des droits humains des migrants
durant le processus de la migration
III. La situation des migrants dans les pays d'accueil et à leurs frontières
A) L'Union européenne
1. La situation des migrants réguliers
2. La situation des migrants irréguliers
3. La situation des demandeurs d'asile
4. Les détentions arbitraires
5. Les délits de solidarité
B) La situation des travailleurs/travailleuses domestiques migrants
dans le monde
IV. Les mesures préconisées au niveau international pour la protection des
droits des migrant-e-s
Conclusion
Annexe
Appel pour une solidarité urgente, Maroc, décembre 2011
Bonjour à tou.te.s
Ci-joint un appel à solidarité internationale émis par la fédération nationale du secteur agricole de l'union marocaine du travail (FNSA-UMT) à propos de la lutte d'une quinzaine d'ouvriers agricoles déterminés à demander des comptes à leur employeur, patron de la société des Domaines Agricoles, qui n'est autre que Mohamed 6, le roi du Maroc. Ce dernier, quasi omniprésent dans l'économie nationale, possède de nombreuses fermes dans tout le pays (sur une superficie estimée à 12 000 ha). La ferme dans laquelle les ouvriers en colère travaillaient est celle de Tiniguir, à Dakhla, dans le Sahara. Ils ont été 150 ouvriers licenciés à l'été 2010. Ils dénoncent non seulement les conditions abusives de ces licenciements mais témoignent aussi de leurs conditions de vie et de travail avant d'être licenciés. Logés à 6 dans des chambres de 12 m², ils ont du se battre pour boire autre chose que de l'eau d'irrigation des cultures chargée en soufre, pour qu'une partie de leur travail soit déclarée à la caisse de protection sociale et pour obtenir des bulletins de paye.
Pour manifester votre solidarité à ces ouvriers, vous pouvez envoyer un communiqué à Mohamed Hakech, secrétaire général de la FNSA UMT à l'adresse électronique Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
Ci-joint également la photo de la banderole confisquée par les autorités. Il y est écrit: "Union Marocaine du Travail Les ouvriers des fermes de Tiniguir transfèrent leur sit in de la ville de Dakhla, province de Oued Eddahab, à l'administration générale des Domaines Agricoles à Casablanca."
Bien cordialement,
Hind Aïssaoui Bennani
Appel solidarité Dakhla
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